jeudi 9 mai 2013

Après un an, quelle attitude adopter face au gouvernement ?


Sur l’initiative de @boutros007 hier sur twitter, un article sur thème imposé pour tous les FASMeux participants : Quelle attitude doit adopter un chrétien face à ce gouvernement après cette première année ?

Et il faut avouer que les douze derniers mois, les cathos n’ont pas été ménagés. Entre le mariage gay, le gender à l’école, la proposition de supprimer le régime concordataire en Alsace-Moselle (que vont devenir nos chers vendredi saint et 26 décembre fériés ?), le lancement du chantier de l’euthanasie, la dépénalisation duracolage passif, l'ouverture de salles de shoot, la disparition brutale et non concertée de la concertation sur les sujets de bioéthique, et je ne parle pas des sujets économiques qui ne touchent pas seulement les chrétiens… nous n’avons pas eu le temps de nous embêter cette année.
Un an après, l’heure est au premier bilan. Les médias se sont « lâchés » cette semaine, les taux d’approbation sont historiquement bas, et les chrétiens sont quasi monolithiquement mécontents.

Certes.

Mais alors que faire ? Et surtout, quel est notre rôle de chrétien dans ce contexte ? Faut-il nous opposer violemment pour parvenir à nos fins ? Faut-il nous murer dans une prière silencieuse ? A sujet difficile, retour aux sources. Ressortons les principes de la doctrine sociale de l’Eglise :

Bien commun
C’est le but de toute politique. Poursuivre le bien commun. Il ne nous reste donc qu’à encourager le gouvernement dans cette voie. Et donc au besoin rendre toute autre voie difficilement praticable. Le gouvernement, le CESE, le parti majoritaire à l’assemblée, certains lobbys, les « autres pays plus avancés » et même « une bonne partie du peuple français » auraient beau souhaiter pour plein de raisons s’écarter du bien commun, il revient aux catholiques d’exprimer clairement leur préférence pour le bien commun. Ensuite, on peut bien sûr se planter dans sa vision du bien commun et il faut rester modeste… Mais c’est là que les échanges avec ceux qui partagent notre soif de bien commun, et pas d’un intérêt particulier, sont une bonne aide au discernement. En tout cas, guidés par nos consciences, l’action pour aider le gouvernement à choisir le bon chemin est une obligation. On ne peut pas se taire. #OnNeLâcheRien, ont déjà dit certains sur un sujet en particulier… En tout cas, soyons sûrs que c’est bien notre rôle et notre devoir que de pointer résolument vers le Nord même quand la société part à l’Ouest. Et faisons le donc même si on est modérément à l’aise avec les situations dans lesquelles ça nous met, concrètement.

Subsidiarité (= ne pas faire faire par les "chefs" des choses que les "niveaux inférieurs" peuvent faire)
Il ne faut pas tout attendre de l’Etat. Au contraire, il faut d’abord tout attendre de nous, de chacun des citoyens. La protection du plus pauvre, du plus faible, ne devient le rôle du gouvernement que parce que la société civile ne réussit pas à s’auto-réguler. Engageons-nous pour protéger la fin de vie de nos proches et la rendre belle. Réussissons un beau mariage hétéro. Aidons les prostituées à se reconvertir, et les clients à changer de vie. Apprenons et diffusons ce qui fait qu’un homme et une femme sont différents. Et forçons les débats qui nous sont refusés. Si nous le faisons tous, il apparaîtra moins clairement, voire plus du tout, qu’une action du gouvernement est opportune ou souhaitable ou nécessaire sur ces domaines que la société civile aura pris à bras le corps. Ce qu’on peut faire à notre niveau, on doit le faire à notre niveau sans attendre du gouvernement qu’il impose à d’autres des comportements qui nous évitent de faire des efforts.

Participation
On ne « fait pas le gros dos en attendant que la tempête passe », ce serait refuser le devoir de participation à la recherche du bien commun qui est le nôtre. Faisons des propositions constructives au gouvernement dans les débats à venir. Participons à la mise en place des politiques publiques qui nous concernent et qui vont dans le bon sens (et qui sont de loin les plus nombreuses). Votons aux prochaines échéances électorales pour pousser les programmes qui nous paraissent les plus susceptibles de nous aider collectivement à poursuivre le bien commun.

Solidarité
Nous avons un devoir de solidarité avec le gouvernement. Les stratégies de division, les stratégies visant à affaiblir le gouvernement pour qu’il ne puisse plus rien faire et les stratégies de résistance « par principe » contre tout ce qui sortirait du parti de la majorité sont de mauvaises stratégies. Elles divisent et séparent. Se réjouir d’un couac, attendre un échec sont des comportements irresponsables. Comme le gouvernement, et solidairement avec lui, nous attendons des emplois, de la paix sociale, une réduction des déficits. Nous sommes dans le même bateau, ne tirons surtout pas à boulets rouges sur le gouvernement.

Destination universelle des biens
Il est simple d’utiliser nos biens pour agir sur l’utilisation des moyens financiers de l’Etat. Tout don à une association reconnue d’utilité publique donne droit à une réduction d’impôts. Donnez 34 euros au secours catholique, l’Etat rajoute 66 euros de sa poche… (en fait, vous donnez 100 et l’Etat vous rembourse 66, mais c’est pareil)… Vous trouvez que le gouvernement ne fait pas assez dans le domaine de l’illétrisme ? Donnez à la Croix Rouge ! Vous trouvez que l’Etat ne fait pas assez pour limiter les IVG ? Donnez à l’alliance VITA !


Et par-dessus tout ça, qu’il y ait l’amour
Ne critiquons pas les personnes. Parler de Flamby, du jardinier, du pingouin, … ça n’a pas de sens. Certes, certains pourraient préférer d’autres personnes. Certes on peut trouver certaines actions ratées, ou trouver qu’elles vont dans le mauvais sens. Mais on ne peut qu’éprouver de l’amour pour nos frères qui se retrouvent à ces fonctions. Prions donc pour les membres du gouvernement. Pas (ou au moins « pas que ») pour qu’ils changent, encore moins pour qu’ils se cassent la figure dans l’escalier. Prions pour eux.

*   *   *

Pour résumer, l’attitude qu’un chrétien doit avoir doit d’abord être une vraie paix intérieure vis-à-vis des hommes et femmes qui sont au gouvernement. Cette paix profonde vis-à-vis du gouvernement est la condition du bon dosage des actions, fermes et parfois conflictuelles, que nous devons prendre concrètement pour marquer notre désaccord avec certaines politiques, et d’autres fois au contraire pour appuyer l’action gouvernementale. Laissons-nous attirer par le bien avec force avant d’être repoussés par ce qui ne va pas dans le bon sens.


PS: les autres de la FASM qui allez faire des articles sur ce sujet... N'hésitez pas à laisser des liens en commentaire vers vos articles... et tous les autres, n'hésitez pas à commenter directement !