Et voilà, c'est fait. J'ai écrit à ma députée... Pour vous, mes chers lecteurs, j'ai rajouté des numéros de paragraphes du compendium, et en fin d'article les phrases correspondant au fond de ce que j'écris... Preuve que le compendium peut assez largement faire l'objet de discussions poussées y compris avec des non-croyants.
Bonne lecture, et n'hésitez pas à écrire à vos députés.
Thomas
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Madame la députée, Monsieur le député
Aujourd'hui, le débat
sur le mariage des homosexuels et l'adoption par les « couples »
homosexuels me semblent faire partie des débats majeurs à venir
pendant la législature qui commence, puisque, outre les aspects de
pure technique juridique, c'est bien face à un choix de société
engageant pour de nombreuses années (décennies ?) que nous nous
trouvons (#385). L'absence de débat préalable aux décisions déjà plus
ou moins annoncées me paraît de nature à favoriser la prise de
mauvaises décisions dans la précipitation (#394).
En effet, là où je
peux comprendre que deux hommes, ou deux femmes, puissent éprouver
certains sentiments l'un pour l'autre et puissent souhaiter, à
l'instar de couples hétérosexuels, mettre en commun leurs revenus
pour vivre une vie commune, et accessoirement bénéficier de divers
avantages fiscaux et sociaux (impôts sur le revenu, héritage,
etc...) (#135), il m'apparaît en revanche que le sujet de l'accès au
mariage et surtout à l'adoption pour les couples homosexuels pose de
réelles questions de société qui ne sauraient être balayées du
revers de la main par de faux arguments sur l'égalité. La
différence de traitement entre couples homosexuels et couples
hétérosexuels n'est en effet pas une distorsion du principe
d'égalité puisque ce n'est pas l'individu homosexuel qui est écarté
du processus d'adoption, mais c'est son mode de vie, choisi par lui,
qui l'en écarte. Il serait tout aussi absurde de considérer
qu'empêcher un fonctionnaire d'être embauché dans une entreprise
qu'il contrôle serait une distorsion d'égalité. Des droits
différenciés en fonction de choix de vie librement consentis ne
sont pas des signes d'un déni d'égalité, mais d'un choix de
société (#158).
A un autre niveau,
rechercher l'égalité homme-femme ne veut pas dire considérer que
l'un et l'autre sont interchangeables. Au contraire, ce serait
oublier que l'homme a besoin de la femme et la femme de l'homme, et
ce serait une injustice portée tant contre la femme que contre
l'homme que de penser comme cela. L'Histoire a montré que la femme
pâtit souvent plus que l'homme de ces injustices. Comment, en effet,
assurer les femmes d'un rôle « d'égal à égal » avec
l'homme dans la société si l'homme se juge indépendant de la femme
au point de penser pouvoir fonder une famille sans elle ?
L'égalité vraie se joue dans la complémentarité, pas dans
l'indépendance des sexes. Les clichés sont des clichés, et les
hommes ne sont pas tous virils, machos, adeptes de jeux vidéos, de
bière et de football pendant que les femmes feraient des courses, se
feraient belles, et papoteraient. Mais dans le regard de l'homme, la
femme se voit aimée pour ce qu'elle est : autre, mystérieuse
peut-être, mais en tout cas nécessaire (#147). Dans ce constat de la
différence, réelle, et de la complémentarité se joue la place de
la femme ; la place de l'homme aussi (#146). Considérer le mariage
homosexuel comme un mariage « comme les autres »
présenterait donc selon moi un terreau favorable pour oublier la
grandeur de la femme (et de l'homme) sous prétexte de vouloir
s'affranchir de la nécessaire différence des sexes.
Tout aussi important,
l'un des problèmes significatifs que poserait l'adoption par des
couples homosexuels me semble être le fait qu'il manquerait à
l'enfant soit un père, soit une mère. Or il est faux de penser
qu'il n'y a pas de différence entre un père et une mère et que
« la seule chose qui compte, c'est l'amour ». L'amour est
nécessaire au développement d'un enfant, mais ce n'est pas rendre
justice à l'importance de l'altérité homme/femme dans l'éducation
d'un enfant que de penser que l'amour suffit. Ce n'est pas non plus
tomber dans un raccourci grossier que de constater que les femmes ont
une inclinaison naturelle à développer une tendresse toute proche
avec leur nourisson, une attention au bien-être de leur enfant, mais
aussi ce qu'on appelle dans toutes les cultures un certain instinct
maternel. Et qu'à l'inverse, l'homme joue souvent le rôle de
« rappel à la loi et au monde extérieur » pour tirer
l'enfant de la fusion avec sa mère et le présenter au monde (#242). Bien
évidemment, tous les couples hétérosexuels n'ont pas cette
répartition des rôles aussi clairement définie et parfois il
manque aux enfants un référent « rappel à la loi » ou
au contraire un référent qui éduque à la tendresse. Et bien
évidemment, certains couples homosexuels pourraient au contraire
avoir des rôles complémentaires de ce type. Mais la reconnaissance
de l'adoption par les couples homosexuels rendra les cas extrêmes
« normaux ». Des enfants peuvent déjà se trouver dans
cette situation « par accident de la vie » de n'avoir
qu'un parent (décès d'un parent, divorce,...), voire deux
« référents » de même sexe (divorce suivi d'une union
homosexuelle). Mais instituer l'adoption par les couples homosexuels
rendrait cette situation non plus « accidentelle », mais
prévisible et certaine. On ne peut donc que s'y opposer, dans
l'intérêt de l'enfant.
Accorder le droit
d'adoption aux homosexuels présenterait donc le double problème de
rendre plus difficile la transmission de cette vision de l'altérité
des sexes aux enfants, mais aussi, pour la société, celui de la
négation du besoin de faire face à la différence pour donner sa
place à l'autre sexe. Le premier lieu de développement de ce
problème serait de surcroît l'activité la plus fragile que nous
avons à mettre en œuvre au sein de la cellule familiale avant tout autre endroit :
l'éducation des enfants.
Pour finir, le mariage
ayant pour but d'instaurer les conditions favorables à la fondation
d'une famille pérenne, il apparaît peu adapté de chercher à
rendre possible un « mariage » entre deux personnes de
même sexe. Pourquoi ne pas doter le PACS des avantages fiscaux du
mariage (hérédité, fiscalité du couple …), au lieu d'introduire
la possibilité de mariage pour des couples homosexuels, dénaturant
ainsi la profondeur du mariage tel qu'actuellement vécu par tant de
couples ? (#228)
Ces sujets de société
me paraissent devoir dépasser le cadre d'un débat de l'ampleur
relativement faible qu'il a aujourd'hui. Je souhaiterais connaître
votre position sur la possibilité de demander au gouvernement que le
peuple français soit consulté par référendum sur le sujet du
mariage, et de l'adoption, en espérant que cette position soit
favorable à un élargissement du débat et de la consultation sur ce
sujet que je qualifierais volontiers d'historique. (#189)
Vous remerciant pour le
temps que vous avez bien voulu accorder à la lecture de ce courrier,
je vous prie de recevoir mes salutations les plus sincères
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#385 : [la communauté politique] est et doit être en réalité, l'unité organique et organisatrice d'un vrai peuple
#394 : L'autorité politique doit garantir la vie ordonnée et droite de la communauté, sans se substituer à la libre activité des individus et des groupes, mais en la disciplinant et en l'orientant, dans le respect et la tutelle de l'indépendance des sujets individuels et sociaux, vers la réalisation du bien commun.
#135 : La dignité de l'homme exige donc de lui qu'il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d'une contrainte extérieure.
#158 : une affirmation excessive de l'égalité « peut donner lieu à un individualisme où chacun revendique ses droits, sans se vouloir responsable du bien commun »
#147 : « La femme est une “aide” pour l'homme comme l'homme est une “aide” pour la femme! »: 290 dans leur rencontre se réalise une conception unitaire de la personne humaine, basée non pas sur la logique de l'égocentrisme et de l'autoaffirmation, mais sur celle de l'amour et de la solidarité.
#146 : Le « masculin » et le « féminin » différencient deux individus d'égale dignité, qui ne reflètent cependant pas une égalité statique, car la spécificité féminine est différente de la spécificité masculine et cette diversité dans l'égalité est enrichissante et indispensable pour une vie sociale harmonieuse: « Si l'on veut assurer aux femmes la place à laquelle elles ont droit dans l'Église et dans la société, une condition s'impose: l'étude sérieuse et approfondie des fondements anthropologiques de la condition masculine et féminine, visant à préciser l'identité personnelle propre de la femme dans sa relation de diversité et de complémentarité réciproque avec l'homme, et cela, non seulement pour ce qui regarde les rôles à jouer et les fonctions à assurer, mais aussi et plus profondément pour ce qui regarde la structure de la personne et sa signification ».
#242 : Dans l'éducation des enfants, le rôle maternel et le rôle paternel sont tout aussi nécessaires.552 Les parents doivent donc œuvrer conjointement. Ils exerceront l'autorité avec respect et délicatesse, mais aussi avec fermeté et vigueur: elle doit être crédible, cohérente, sage et toujours orientée vers le bien intégral des enfants.
#228 : « Si, du point de vue juridique, le mariage entre deux personnes de sexe différent était considéré seulement comme une des formes de mariage possible, l'idée de mariage subirait un changement radical, et ce, au détriment grave du bien commun. En mettant sur un plan analogue l'union homosexuelle, le mariage ou la famille, l'État agit arbitrairement et entre en contradiction avec ses propres devoirs »
#189 : La conséquence de la subsidiarité est la participation, qui s'exprime, essentiellement, en une série d'activités à travers lesquelles le citoyen contribue à la vie culturelle, économique, sociale et politique de la communauté civile à laquelle il appartient. La participation est un devoir que tous doivent consciemment exercer, d'une manière responsable et en vue du bien commun. [...] En outre, une forte tension morale est nécessaire pour que la gestion de la vie publique soit le fruit de la coresponsabilité de chacun vis-à-vis du bien commun.