Les
chiffres du chômage sont encore en légère hausse sur le mois de
décembre 2012. Depuis 20 mois, chaque mois apporte sa mauvaise
nouvelle. François Hollande a annoncé qu'il souhaitait inverser la
courbe du chômage d'ici la fin de l'année, et nous verrons ce que
la conjoncture économique nous réserve. Mais dans l'attente, il
reste 3.132.900 personnes au chômage. Difficile de se rendre compte
du nombre que ça fait, d'imaginer ce que ça fait. Plus de trois
fois la manif pour tous (plus de 10 fois selon la police!). Imaginez
ne serait-ce que trois fois le nombre de personnes de la manif pour
tous qui se réveillent le matin, chacun dans leur appartement, se
disent qu'ils n'ont pas de boulot et qu'ils ne savent pas ce qu'ils
vont faire de leur journée. Arrêtons nous sur la vie de ces
personnes. N'ont-elles pas droit au travail ?
Serait-ce juste par égoïsme qu'on souhaiterait que tout le monde travaille ? Je ne te donnerai pas de pain si tu ne l'as pas mérité, si tu n'as rien à m'offrir ? Dans le Notre Père, pas de petite astérisque au dessus du « Donne nous aujourd'hui notre pain de ce jour* » (*sauf ceux qui n'ont pas fait d'efforts suffisants pour se trouver un job). Vous imaginez le genre... Un passage de Saint Paul pourrait pourtant être interprété en ce sens :« Nous vous engageons, frères, à faire encore des progrès en mettant votre honneur à […] travailler de vos mains, comme nous vous l'avons ordonné » (1 Th 4, 11)
* * *
Pourquoi
souhaite-t-on que tout le monde travaille ?Serait-ce juste par égoïsme qu'on souhaiterait que tout le monde travaille ? Je ne te donnerai pas de pain si tu ne l'as pas mérité, si tu n'as rien à m'offrir ? Dans le Notre Père, pas de petite astérisque au dessus du « Donne nous aujourd'hui notre pain de ce jour* » (*sauf ceux qui n'ont pas fait d'efforts suffisants pour se trouver un job). Vous imaginez le genre... Un passage de Saint Paul pourrait pourtant être interprété en ce sens :« Nous vous engageons, frères, à faire encore des progrès en mettant votre honneur à […] travailler de vos mains, comme nous vous l'avons ordonné » (1 Th 4, 11)

Mais
on est loin de l'égoïsme, Saint Paul nous exhorte simplement à
participer au travail nécessaire pour la collectivité... Quelques
lignes plus tard : « Nous vous y engageons, frères,
reprenez les désordonnés, encouragez les craintifs, soutenez les
faibles et ayez de la patience envers tous. » (1 Th 5, 14)
Non,
il s'agit bel et bien de rechercher le bien de nos frères qui
manquent de travail. Saint Paul (et l'Eglise!) veut notre bien en
nous exhortant à travailler, à participer à la vie de la
communauté. C'est le rôle qui nous a été confié dès la Genèse :
l'homme est placé sur terre « pour cultiver le jardin ».
« Le travail est un droit fondamental et c'est un bien pour
l'homme » (#287 du compendium) sans travail pas de
participation, pas de possibilité d'accéder à la propriété, de
fonder une famille, de contribuer au bien commun. Toutes sortes de
travaux sont possibles : rémunéré ou non (élever un enfant,
engagement associatif), mais il nous faut participer au bien commun.
Dans la parabole des ouvriers de la dernière heure, on voit bien que
le maître lui-même voit le bien pour l'homme avant de voir le bien
pour lui. Il donne la même chose à celui qui n'a travaillé qu'à
la dernière heure et à celui qui a travaillé toute la journée. Il
donne en fonction des besoins des hommes, pas en fonction de ce qu'il
reçoit d'eux.
Pour
quoi ?
Mais
alors quels sont les fruits du travail ? Maintenant qu'on sait
pourquoi on travaille, ça sert à quoi de travailler ?
Pour
commencer, le travail participe à la pleine dignité de l'homme.
Dans le travail est inscrit la ressemblance de Dieu et de l'homme,
Créateur et co-créateur. Travailler et modeler le monde, c'est
atteindre cette pleine ressemblance. Jésus lui-même a travaillé
comme charpentier, alors qu'il aurait pu multiplier les pains pour
manger. Il nous a ainsi montré que le travail humain est à vocation
divine !

Enfin, « le
travail humain possède aussi une dimension sociale intrinsèque »
(#273). Avoir un travail permet de vivre en société et de
participer à la vie du monde qui nous entoure. L'homme seul loupe
une face importante de la condition d'être humain. Un chrétien seul
est un chrétien en danger... Et ça vaut aussi pour les
non-chrétiens, dans un autre contexte !
Comment ?
Le
magistère n'y va pas avec le dos de la cuillère, il répond au
« quoi ? » et au « qui ? »
Quoi :
« le plein emploi est donc un objectif nécessaire pour tout
système économique tendant à la justice et au bien commun. Une
société […] où les mesures de politique économique ne
permettent pas aux travailleurs d'atteindre des niveaux d'emploi
satisfaisants ne peut ni obtenir sa légitimation éthique ni assurer
la paix sociale » (#288),
Qui :
Etat et monde économique : « Les problèmes de l'emploi
interpellent les responsabilités de l'Etat auquel il revient de
promouvoir des politiques actives de travail, aptes à favoriser la
création d'opportunités de travail sur le territoire national, en
stimulant à cette fin le monde productif »
Reste
le « comment ? ». Et ça, ce n'est pas vraiment le
rôle de l'Eglise de dire ça. Quelques petits indices tout de même :
développer le secteur tertiaire (« les initiatives de ce qu'on
appelle le secteur tertiaire constituent une occasion toujours plus
importante de développement du travail et de l'économie »,
#293), réaffirmer le rôle de l'homme arbitre au-dessus du
déterminisme : « le facteur décisif et l'arbitre de
cette phase complexe de changement sont encore une fois l'homme, qui
doit rester le véritable acteur de son travail »...
Ca
reste bien vague à ce stade, mais c'est là que les hommes, et en
particulier les chrétiens, entrent en jeu !

Au
niveau des « forces vives » de la Nation, l'intuition que
« le travail est plus doux quand il est orienté vers le bien
commun » peut peut-être développer de nouvelles créativités.
L'exemple cité dans mon dernier billet est un bon exemple du
« comment ». En effet, dès la Genèse, on voit que le
travail ne devient difficile et pénible que lorsque l'homme s'écarte
de Dieu.
* * *
La
transformation de l'économie pour trouver à chacun une place est un chantier enthousiasmant que les
Chrétiens doivent prendre à bras le corps pour éviter de se faire
balloter par le marché. Encourageons-nous les uns les autres pour
que nos énergies créatrices se transforment en emplois !
Soutenons le tissu PME en le finançant !