mardi 15 janvier 2013

A-t-on encore besoin de parents aujourd'hui ?


Je ne suis pas du genre à retourner le couteau dans la plaie et à rabâcher que nous étions entre 800.000 et 1.300.000 dans la rue ce week-end si l'on en croit les chiffrages raisonnables, donc je vous épargnerai toute remarque sarcastique sur l'improbablement difficile appropriation des processus démocratiques que je constate en lisant les news. Nous allons plutôt nous demander si les parents ont encore un rôle aujourd'hui dans la société.

Dans une société de plus en plus complexe, le rôle des parents change. Être suffisamment expert pour former les enfants sur tout ce qui constitue leur vie n'est plus possible : les cours à l'école, l'anglais, l'informatique, le judo, les modes changeantes de jeux de récréatino, la politesse, l'utilisation raisonnée de la télé et d'internet... Plein de parents sont perdus, malgré plein d'organismes et personnes qui les aident : école, société, amis. Il n'y a qu'à voir le succès de Super Nanny, avant que l'émission ne disparaisse avec son animatrice, ou l'existence "d'école des parents" pour voir que le boulot de parent est difficile. 
Au fait, c'est quoi le rôle des parents ?

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Promoteurs de la vie, même celle du plus fragile

Enfonçons une porte ouverte. Le premier rôle des parents est de devenir parents. De donner la vie. Et enfonçons une autre porte ouverte, la mission nous est confiée par Dieu. « Soyez féconds, multipliez, emplissez la Terre » (Gen 1, 28). « La famille apparaît, dans le dessein du Créateur, comme […] le berceau de la vie » (#209 du compendium). « L'amour conjugal est, par nature, ouvert à la vie. C'est dans le devoir de procréation que se révèle de façon éminente la dignité de l'être humain, appelé à se faire l'interprète de la bonté et de la fécondité qui descendent de Dieu »(#230) La procréation est signe de l'existence de Dieu, pour les parents, pour la famille, et pour la société. Le couple a un « devoir de révéler Dieu » par cette fécondité.
Au-delà de ce rôle, le magistère souligne le rôle particulier qu'a la famille dans la promotion de la vie, de son commencement à sa fin, même dans ses formes les plus fragiles. En effet « Grâce à l'amour, réalité essentielle pour définir le mariage et la famille, chaque personne, homme et femme, est reconnue, accueillie et respectée dans sa dignité . De l'amour naissent des rapports vécus à l'enseigne de la gratuité qui, en respectant et en cultivant en tous et en chacun le sens de la dignité personnelle comme source unique de valeur, se transforme en accueil chaleureux, rencontre et dialogue, disponibilité généreuse, service désintéressé, profonde solidarité. L'existence de familles qui vivent dans un tel esprit met à nu les carences et les contradictions d'une société guidée principalement […] par des critères d'efficacité et de fonctionnalité » (#221). « L'amour s'exprime aussi à travers une attention prévenante envers les personnes âgées qui vivent dans la famille. […] Si les personnes âgées se trouvent dans une situation de souffrance et de dépendance, elles ont non seulement besoin de soins médicaux et d'une assistance appropriée, mais surtout d'être traitées avec amour » (#222)
« Les familles [doivent s'employer] à obtenir que les lois et les institutions de l'Etat ne lèsent en aucune façon le droit à la vie, de la conception à la mort naturelle, mais le défendent et le soutiennent. » (#231)

Education
Quelques rôles très concrets dans le domaine de l'éducation des enfants relèvent de la responsabilité de la famille, pour le magistère.
On peut citer sans trop développer le rôle de protection des enfants qui va avec le respect de la vie, mais qui implique également une stabilité du lien familial et donc du mariage. On ne protège pas aussi bien son enfant contre toute sortes d'agressions quand on le voit deux jours par semaines (voire plus du tout) que quand on le voit tous les jours. « La solidité du noyau familial est une ressource déterminante pour la qualité de la vie sociale en commun » (#229)
On peut citer également le rôle particulier des parents dans l'éducation sexuelle. « En raison des liens étroits qui relient la dimension sexuelle de la personne aux valeurs éthiques, le rôle de l'éducation est de conduire les enfants à la connaissance et à l'estime des normes morales comme garantie nécessaire et précieuse d'une croissance personnelle responsable dans la sexualité humaine ». Les parents sont tenus de vérifier les modalités par lesquelles s'effectue l'éducation sexuelle dans les institutions éducatives, afin de contrôler qu'un thème aussi important et délicat soit affronté de façon appropriée.
La famille a enfin et surtout le rôle d'ensemblier du maelström éducatif qui conduit à ce que les enfants grandissent. « Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants, mais pas les seuls. Il leur revient donc d'exercer avec responsabilité l’œuvre éducative, en collaboration étroite et vigilante avec les organismes civils et ecclésiaux [qui doivent chacun intervenir selon sa compétence et apporter sa contribution propre]. Les parents ont le droit de choisir les instruments de formation correspondant à leurs convictions » (#240). Les outils ne manquent pas : choix de l'école, choix des activités extra-scolaires, choix d'envoyer à l'étude le soir où de le laisser l'enfant travailler tout seul, un certain contrôle sur les amis pour les plus jeunes enfants… En revanche, une vision selon laquelle « c'est la société qui a la charge de l'éducation des enfants » serait constitutive d'une dépossession du rôle de parents, ce qui serait grave et déresponsabilisant. Le rôle des deux parents est central, et nécessaire à une prise en charge de l'enfant « au plus près », c'est-à-dire conforme au principe de subsidiarité.

Valeurs
Enfin la famille est le lieu premier et principal de transmission des valeurs. J'ai évoqué rapidement la solidarité plus haut. Mais plus que ça, les parents ont pour rôle de transmettre des valeurs culturelles, éthiques, sociales, spirituelles, religieuses, nécessaires au bon développement de la société. Ce que personne ne fera aussi bien que des parents. On n'apprend pas à la crèche à aimer son petit camarade. On n'apprend pas toujours à l'école à se forger des convictions éthiques sur la fin ou le début de vie, et si c'est le cas, c'est bien aux parents de choisir avec la plus grande précaution les écoles en fonction du message. « Les parents ont le droit-devoir de donner une éducation religieuse et une formation morale à leurs enfants : droit qui ne peut être effacé par l'Etat, mais respecté et encouragé ; devoir primordial, que la famille ne peut ni négliger ni déléguer » (#239)
Et pourquoi la famille est-elle plus compétente que d'autres pour ça ? Parce que c'est l'amour des parents l'un pour l'autre qui a engendré l'enfant et que ça laisse des traces ! « De source qu'il était, l'amour des parents devient ainsi l'âme et donc la norme qui inspirent et guident toute l'action éducative concrète, en l'enrichissant des valeurs de douceur, de constance, de bonté, de service, de désintéressement, d'esprit de sacrifice, qui sont les fruits les plus précieux de l'amour ». (#239) Cette constitution d'une action éducative « intégrale » n'est donc pas délégable.

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Bref, oui, on a encore besoin de parents, et ce n'est pas juste dans l'attente que la société sache gérer toute seule sans l'aide des parents. C'est que vu la situation particulière des parents, dont l'amour est à la base de la famille, elle ne peut pas et ne doit pas gérer à leur place et doit simplement leur donner les outils pour qu'ils puissent construire un chemin éducatif pour leurs enfants.


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